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398 km. 10 juillet 1907
Le danger est partout
Difficile d’éviter les chutes aujourd’hui : un tas de terre sur le trottoir du côté de Douai et c’est l’arrière du peloton qui en pâtit. Quelques kilomètres plus loin, Van Hauwaert casse sa roue en tombant. Après Cambrai, les routes défoncées et détrempées par une abondante pluie nocturne rendent la course encore plus dangereuse. A Inchy, un peu avant Le Cateau, tous se retrouvent le nez au sol. Trousselier se relève en dernier, blessé à la jambe. A Catillon-sur-Sambre, pas de chute mais le pont-écluse est ouvert. Impossible de le franchir. A moins de sauter sur la première péniche qui passe et de bondir sur l’autre rive !
8 coureurs forment le peloton de tête à Hirson… Le chemin est encore long. La soif, les crevaisons réduisent bientôt ce groupe à 3 unités : Petit-Breton, Trousselier et E. Georget.
« Dead heat »
La crevaison de Trousselier à Longwy bouleverse la fin de l’étape. Pas question pour Petit-Breton qui est pourtant son ami de l’attendre. Les 2 hommes appartiennent cette année à 2 équipes différentes (Petit-Breton chez Peugeot, Trousselier chez Alcyon). Il lui faut tout simplement semer un redoutable concurrent avant l’emballage final. Oui mais « Trou-trou » n’a pas dit son dernier mot. Au prix d’un considérable effort, le voilà qui revient. Le sprint semble promis à l’un de ces cadors mais ils se sont tellement dépensés qu’ils sont battus par Emile Georget (lui aussi chez Peugeot), notoirement le moins rapide des 3.
Enfin, c’est ce que l’on a longtemps cru car Trousselier dépose une réclamation et Desgrange, à Belfort, sous la pression des 2 firmes concurrentes, décidera de classer les 2 coureurs premiers ex-aequo.
Quant à Petit-Breton, épuisé, il est transporté, enveloppé dans une couverture, jusqu’à sa chambre d’hôtel.
L’arrivée à Metz en territoire allemand
Cette 2ème étape du Tour 1907 reste gravée dans l’histoire du fait de son arrivée à Metz, ville annexée à l’Allemagne.
C’est le cousin du constructeur du célèbre dirigeable, le comte Zeppelin qui accueille de manière très courtoise le Tour de France. Simons, le journaliste de « la Vie au Grand Air » n’en revient pas : « Cela m’a changé un peu du Circuit de Dieppe où, pour la 11ème fois expulsé avec mes collègues, le gendarme normand me disait : « C’est core vous avec vos boétes, faut pas m’la faire à moé, v’savez, allons ouste, circulez. » Tandis que le gendarme allemand se rendant compte que je n’étais pas venu là pour m’amuser, mais pour fixer sur la plaque sensible cet événement sensationnel, le premier passage en pays annexé d’une course purement française, criait à la foule : « Considérez le photographe, faites place, s’il vous plaît. »
- Georget et Trousselier, suivis de Petit-Breton et d’un "pédard", sont salués par un soldat allemand.
Classement de l’étape
Place | Coureur | Temps / Ecart |
---|---|---|
1 | Emile Georget (Fra) | en 13h39’15’’ |
1 | Louis Trousselier (Fra) | |
3 | Lucien Petit-Breton (Fra) | t.m.t. |
4 | Marcel Cadolle (Fra) | à 29’5’’ |
5 | Henri Cornet (Fra) | m.t. |
6 | Constant Ménager (Fra) | à 29’45’’ |
7 | Georges Passerieu (Fra) | à 40’45’’ |
8 | Gustave Garrigou (Fra) | |
9 | François Faber (Lux) | t.m.t. |
10 | François Beaugendre (Fra) | à 54’55’’ |
Classement général
Place | Coureur | Temps / Ecart |
---|---|---|
1 | Louis Trousselier (Fra) | 2 pts |
2 | Marcel Cadolle (Fra) | 6 pts |
3 | Emile Georget (Fra) | 7 pts |
4 | Lucien Petit-Breton (Fra) | 7 pts |
5 | Georges Passerieu (Fra) | 12 pts |
6 | Henri Cornet (Fra) | 13 pts |
7 | Constant Ménager (Fra) | 15 pts |
8 | François Beaugendre (Fra) | 17 pts |
9 | Léon Georget (Fra) | 19 pts |
10 | François Faber (Lux) | 24 pts |