Pauvre France
Le départ est donné à 3h30 de Metz, ville située en territoire allemand. 21 km plus loin, voici le peloton à la frontière. Laissons G. de Pawlowski conter ses impressions pour le journal « L’Auto » : "Surpris en plein sommeil, forcé de se lever en trois minutes, le douanier allemand nous est apparu correctement sanglé dans un uniforme neuf. A la douane française, au contraire, c’est tout simplement navrant ! Terreux, couverts de boue, rapiécés et décolorés, le dos voûté, d’innommables képis écrasés sur des figures sales, les deux disciplinaires chargés de fouiller pour le compte du fisc et qui représentent la France nous révoltent. Très sérieusement, « L’Auto » serait heureux de recevoir les souscriptions nécessaires de tous les Français que cela intéresse pour habiller ces malheureux qui, somme toute, nous représentent sur la route pour tous ceux qui viennent d’Allemagne."
Enfin, à 5 heures, le véritable départ est donné.

Le départ à la douane française

 Trousselier passe une mauvaise journée
A 6 km de Lunéville, Louis Trousselier crève et repart sur un vélo emprunté à un spectateur. Petit-Breton et Garrigou en profitent pour augmenter l’allure du peloton. Handicapé à la jambe après avoir chuté lors de l’étape précédente, perturbé par sa bicyclette "qui paraît antédiluvienne comparée à un vélo de course" « Trou-trou » ne parvient pas à combler son handicap avant Remiremont, soit environ 80 km plus loin.
Une course-poursuite qui lui coûtera de l’influx au moment d’aborder la grande difficulté du jour : le Ballon d’Alsace. 6ème à Belfort, Trousselier réalise la mauvaise opération du jour.

 Le vélo plus rapide que la voiture
Sous la pluie, 12 hommes abordent ensemble l’ascension du Ballon d’Alsace. Après 4 km de montée, Garrigou accélère avec Lignon et E. Georget. Faber et Cadolle ne sont pas loin.
Difficile de fournir un résumé plus détaillé de la fin de course. Confortablement installé au sein de la voiture "Diétrich" dont il ne cesse de vanter les mérites, le journaliste G. de Pawlowski n’est pas parvenu à suivre les meilleurs : « Nous essayons de rejoindre le groupe de tête, et, je l’avoue pour notre honte, dans une descente folle, il plonge et s’enfuit, nous laissant littéralement sur place. En vain, sur les 40 kilomètres qui nous séparent de Belfort, nous allons prendre les virages en lacets sur deux roues, foncer dans la foule, passer sur les trottoirs, risquer cent fois l’accrochage à 60 kilomètres à l’heure ; en vain, nous rattrapons Cadolle (5ème de l’étape) qui nous a le dernier dépassé dans la descente. »
Même constat d’impuissance du côté de « La Vie au Grand Air » : "Nous faisons du 70 de moyenne jusqu’à Belfort, impossible de rattraper le premier, nous nous contenterons de voir arriver Cadolle."
Emile Georget, vainqueur en solitaire, confirme l’impression générale : « La montée du Ballon d’Alsace ne m’a pas semblé particulièrement dure ; par contre, j’ai failli, dans la descente sur Belfort, me rompre vingt fois le cou. Vous n’avez pas idée de l’allure que Lignon, Faber et moi avons soutenue. C’était fou, mais dois-je m’en plaindre, puisque, plus audacieux que mes camarades, me voilà vainqueur et en tête du classement général. »

 Classement de l’étape

 Classement général