Masson sous la pluie et le froid pendant 260 km
Cette étape s’est déroulée dans des conditions apocalyptiques : « Du départ à l’arrivée, la pluie tomba, très fort toujours, souvent en trombe. (,,,) « Ce que furent la montée du Galibier dans une boue épaisse et collante, la descente du col du Télégraphe dans un brouillard qui barrait la vue à 6 mètres et la longue, longue, longue route ruisselante, bordée de torrents grossis, tumultueux, limoneux, on ne peut l’imaginer quand on ne l’a pas vu. » (,,,) « Derrière les coureurs, l’eau projetée par la roue sautait en gouttelettes légères plus haut que leur tête. Ils étaient trempés, à tordre. Le sable qui, forcément, avait jailli sur leur selle, avait usé leur culotte et même un peu plus, faisant office de papier de verre. Nos routiers étaient en loques » (« Miroir des Sports »).
Sous ce déluge, à 5 heures du matin, les 43 rescapés quittent Briançon pour affronter le col du Galibier que Masson et H. Heusghem franchissent en tête (km 50), 200 mètres devant Sellier et Nempon. Tiberghien les rejoint bientôt et ces hommes, débarrassés de Heusghem sur crevaison, traversent ensemble Albertville (km 139), 6’ avant le maillot jaune Alavoine et son suivant au général, Lambot. Dans le col des Aravis, Tiberghien (8ème du général) et Masson (12ème) lâchent leurs compagnons pour s’en aller disputer la victoire d’étape à Genève, une centaine de kilomètres plus loin. Là, sur le vélodrome de Plan-les-Ouates, les officiels décident de ne pas jouer l’étape au sprint, la piste étant impraticable, mais sur un tour de piste contre-la-montre. Une aubaine pour Emile Masson, moins véloce à l’emballage, qui s’adjuge, à 34 ans, sa première étape sur la Grande Boucle.

 Alavoine cède beaucoup de temps
Cette étape s’est révélée très importante pour le classement général puisque Jean Alavoine a concédé 15’35’’ à son suivant, Firmin Lambot. Ces 2 hommes ne se sont pourtant pas quittés jusque Annecy (km 213) mais « le Gars Jean » a connu d’innombrables soucis de chaîne. Il a dû s’arrêter à de nombreuses reprises pour la remettre en place. 12ème de l’étape à plus de 38’ du vainqueur, le voici maintenant à portée de tir d’un Lambot, bien terne jusqu’à présent.

 Christophe et sa fourche, épisode 3
4ème du général, Eugène Christophe a, comme en 1913, comme en 1919, de nouveau cassé sa fourche après être tombé dans la descente du Galibier. Contrairement aux éditions précédentes, il n’est désormais plus obligatoire de réparer son vélo soi-même. Il est même possible d’échanger sa machine contre une autre, d’une marque différente toutefois. Mais il faut ramener à l’arrivée la pièce poinçonnée afin de la réparer avant le départ de l’étape suivante, de façon à pouvoir repartir sur son vélo d’origine. Il ne reste donc plus au « Serrurier de Malakoff » qu’à descendre à pied jusque Valloire à 6 km de là puis de récupérer le vélo de femme du curé du village, de l’échanger contre un vélo d’homme de faible qualité à Saint-Michel-de-Maurienne avant d’en trouver un meilleur à Saint-Jean-de-Maurienne. Ouf, 33ème de l’étape à plus de 3h7’ de Masson, Christophe termine dans les délais à Genève mais il se retrouve 10ème du général. Une fois de plus, le "Vieux Gaulois" a fait preuve d’un immense courage, d’une détermination à toute épreuve.

 Thys se désintéresse de l’étape
Vainqueur des 3 dernières étapes mais 9ème du général, Philippe Thys était aujourd’hui frigorifié. Comme bon nombre de ses collègues, il a dû mettre pied à terre dans le Galibier, les « mains gelées ne tenant plus le guidon » (Desgrange « L’Auto »). Le Belge s’est alors réchauffé au radiateur de la voiture de l’organisateur de l’épreuve. Thys s’est plus tard restauré dans une auberge de Flumet (km 161), se contentant de la 19ème place de l’étape à plus d’1h13’’ de Masson.

 Classement de l’étape

 Classement général