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250,5 km. 14 juillet 1968
Pingeon : 190 km en solitaire
Roger Pingeon n’a pas abordé le Tour de France dans les meilleures conditions possibles mais, depuis quelques jours, la forme est là. Alors, pourquoi ne pas rééditer l’exploit du long raid solitaire de Jambes ?
Le vainqueur sortant démarre donc dans la côte de la Chapelle (km 59 ; 4ème cat.). 10 km plus loin, dans la côte d’Espezel, il possède déjà 1’55’’ d’avance. Devant l’apathie du peloton, les contre-attaques italiennes étant systématiquement neutralisées par les tricolores, l’écart prend une ampleur considérable (12’50’’ au 175ème km). Pingeon est en passe de gagner le Tour !
Poulidor est maudit
Mais, à l’arrière, les événements se précipitent.
Au 196ème km, une moto de presse fait un écart pour éviter des spectateurs, touche Gonzalez puis heurte la roue arrière du vélo de Poulidor qui s’effondre. Raymond se relève le visage en sang (touché à la bouche, au nez et aux arcades sourcilières), les coudes et les genoux couverts de plaies et souffrant de la jambe droite. A peine ses adversaires (Janssen et l’équipe de France B en particulier) ont-ils connaissance de l’incident qu’ils accélèrent considérablement l’allure. Poulidor, bien aidé par Guyot, se lance dans une course-poursuite effrénée. A l’arrivée, il ne concède qu’1’5’’ mais il est meurtri tant psychologiquement (« Je ne comprendrai jamais que l’on attaque un homme gravement blessé, que l’on profite du fait qu’un coureur soit à terre pour l’abattre davantage. ») que physiquement. On ne sait pas s’il pourra prendre le départ demain.
Pingeon en fait les frais
Jusque là, Pingeon avait roulé très régulièrement, 5 heures durant à une vitesse avoisinant les 38 km/h de moyenne, malgré un vent souvent défavorable.
L’accélération subite du peloton lui a fait très mal et le champion de la firme Peugeot, certes victorieux, n’a pu empocher que 3’18’’, bonifications comprises. 4ème du général, il s’est superbement replacé. N’empêche, si Poulidor n’était pas tombé...
- Ne vous y trompez pas ! Pingeon n’a pas attendu Poulidor.
- Il s’agit simplement du fait que Pingeon possède un tour d’avance sur le circuit d’Albi, c’est à dire à peu près 4 km.
Stablinski méritait mieux
Après Samyn, c’est Jean Stablinski qui fait les frais des nouveaux contrôles anti-dopage. Pour son dernier Tour, à 36 ans, le champion du monde 1962 est reconnu positif aux amphétamines et exclu de l’épreuve. A-t-il payé sa complicité avec les journalistes grévistes ? L’a-t-on sanctionné pour avoir émis des doutes sur la fiabilité des contrôles ? Les contrôles étaient-ils orientés ? Geminiani, le directeur sportif des "Bic", a toujours considéré que Félix Lévitan cooptait les commissaires et se servait des contrôles comme moyen de pression. "On m’exclut parce que j’ai élevé la voix en faveur de Samyn mais, sur ce Tour, croyez-moi, ce ne sont pas les plus coupables qu’on sanctionne", se lamentera bientôt le Nordiste (d’après P. Brunel dans "L’Equipe" du 6 juillet 2017).
Classement de l’étape
Place | Coureur | Temps / Ecart |
---|---|---|
1 | Roger Pingeon (Fra) | en 6h20’36’’ |
2 | Walter Godefroot (Bel) | à 2’58’’ |
3 | Mickaël Wright (GB) | |
4 | Jan Janssen (PB) | |
5 | Georges Vandenberghe (Bel) | |
6 | Barry Hoban (GB) | |
7 | Franco Bitossi (Ita) | |
8 | Adriano Passuello (Ita) | |
9 | Victor Nuelant (Bel) | |
10 | Jean Dumont (Fra) | t.m.t. |
Classement général
Place | Coureur | Temps / Ecart |
---|---|---|
1 | Georges Vandenberghe (Bel) | en 86h26’8’’ |
2 | Silvano Schiavon (Ita) | à 1’34’’ |
3 | Adriano Passuello (Ita) | à 3’26’’ |
4 | Roger Pingeon (Fra) | à 4’1’’ |
5 | Georges Pintens (Bel) | à 4’13’’ |
6 | Gregorio San Miguel (Esp) | à 4’21’’ |
7 | Rolf Wolfshohl (RFA) | à 4’46’’ |
8 | Vicente Lopez-Carril (Esp) | à 5’9’’ |
9 | Raymond Poulidor (Fra) | à 5’18’’ |
10 | Herman Van Springel (Bel) | à 5’40’’ |