La marche triomphale de Roger Walkowiak
Gilbert Bauvin, 2ème du général à 1’25’’, le Belge Jan Adriaensens 3ème à 3’44’’, il est légitime que Roger Walkowiak (Nord-Est Centre) se fasse du souci avant de s’élancer pour la dernière étape du Tour.
Mais, entouré de ses équipiers, Walko n’a aucunement souffert. Ses 2 adversaires ont admis sa supériorité et n’ont pas cherché à déclencher la bataille, de peur (peut-être) d’en être la victime. Même la crevaison de Bauvin au 278ème km n’a pas fait bouger l’équipe belge.

 Emprise totale de l’équipe « Géminiani - Saint-Raphaël - Quinquina »
Certes, le Tour de France se joue entre équipes nationales et régionales. Il faut cependant savoir que le reste de l’année, les coureurs appartiennent à des équipes de marque. C’est ainsi que Walkowiak appartient à la formation «  Géminiani - Saint-Raphaël - Quinquina » comme ... Bauvin, son challenger, comme 5 autres coureurs de l’équipe de France (Bergaud, Barbotin, Mahé, Malléjac et Géminiani, bien sûr), comme Hassenforder (vainqueur de 4 étapes), comme Dotto et Caput. Puissante et redoutable équipe, n’est-ce-pas ?!

 Nencini au Parc des Princes
Mais revenons-en à la course où, au 288ème km, à Soucy, Mirando (Sud-Est), Le Ber (Ouest), Nencini (Italie) et Desmet (Belgique) s’échappent. 3’15’’ d’avance à Palaiseau (km 315). Largement suffisant pour se disputer la victoire qui revient, de justesse, à Gastone Nencini, 22ème du général. 1ère étape remportée sur le Tour dès sa 1ère participation à 26 ans pour celui qui gagnera le Giro l’année prochaine. Et le Tour peut-être un jour...

Nencini (à droite) devant Le Ber et Mirando.

  Walkowiak amer
2’ plus tard, Roger Walkowiak franchit la ligne en vainqueur. L’année suivante, il remportera une étape de la Vuelta qu’il terminera 15ème mais, jamais plus, il ne rééditera un tel exploit. Walko arrêtera le cyclisme en 1960 pour reprendre un café-station-service aux Tartasses, un lieu-dit du côté de Montluçon, puis retourner comme fraiseur, son 1er métier. L’expression «  Gagner à la Walkowiak » passera à la postérité pour désigner la victoire d’un sans-grade. Celui-ci (décédé en 2017 à 89 ans) en gardera toute sa vie un souvenir amer.

Bauvin et Walkowiak, les 2 premiers de ce Tour 1956

 Bidot sous les sifflets
Le Tour a beau avoir battu le record de vitesse (36,268 km/h), les Français n’ont pas compris qu’un inconnu puisse l’emporter. Marcel Bidot, le directeur sportif national, est accueilli sous les sifflets pendant le tour d’honneur au Parc des Princes. On ne lui a pas encore pardonné la gestion de la fin de l’étape Luchon - Toulouse lors de laquelle il a préféré suivre Bauvin plutôt que Darrigade. Or, la suite des événements lui a donné raison : le Dacquois ne s’est classé que 16ème à Paris, sans paraître souvent pouvoir accrocher le bon wagon durant les ascensions.

Classement de l’étape