Barthélémy récompensé
Partis de Genéve à 39, ils sont encore 30 à Mulhouse, 258 km plus loin avec 1h30 de retard sur l’horaire prévu. 3 ou 4 km plus loin, Barthélémy (3ème du général) accélère brutalement, immédiatement suivi par le maillot jaune Scieur. Heusghem (2ème) leur emboîte le pas. Les 3 leaders de l’épreuve filent bon train jusque Strasbourg où l’enthousiasme du public se révèle "un peu trop débordant. Le drapeau rouge marquant le dernier kilomètre avant l’arrivée demeura invisible, le vent avait arraché la banderole, nos trois coureurs ne commencèrent guère leur action que 100 mètres avant la tribune. Mais le plus ennuyeux fut la complète indiscipline des automobilistes. Dix kilomètres avant l’arrivée, une bonne cinquantaine de voitures serraient nos hommes par derrière, une demi-douzaine les précédaient de 30 mètres à peine ; l’une d’elles se rabattit si brusquement que ce fut un miracle qu’Heusghem ne fut pas écrasé lui et sa machine à l’arrivée ; la foule avait rompu les fils de fer et le service d’ordre militaire apparut vraiment familial" ("L’Auto").
Honoré Barthélémy bat au sprint les 2 Belges et remporte sa 5ème et dernière étape sur le Tour (4 en 1919). Une juste récompense pour "le Hargneux" si souvent victime de crevaisons, d’ennuis mécaniques et de chutes.

Honoré Barthélémy (1891-1964) à son arrivée à Strasbourg.

 Desgrange furieux
Mais que s’est-il donc passé derrière pour que les 3 échappés s’offrent à Strasbourg plus de 27’ d’avance sur un peloton composé d’une quinzaine d’unités ? Rien, tout simplement. Le régional Muller, Ferrara et Tiberghien ont bien tenté de réagir mais ils ont vite compris qu’ils ne recevraient aucun soutien. Desgrange ne décolère pas. Un homme est particulièrement dans le collimateur de l’organisateur de l’épreuve : Louis Mottiat : "Il a un large sourire ; il s’appuie négligemment sur l’épaule de Lambot, qui sourit aussi. Mieux encore, Mottiat promène sur ses camarades atterrés de la fuite de Barthélémy, un nouveau sourire qui ressemble à de la moquerie !" (...) "Les commissaires nous diront demain s’ils estiment que Lambot et Mottiat ont disputé leurs chances sérieusement. Si oui, je leur ferai de plates excuses. Si non, il y a, à un certain paragraphe 3 des pénalités qui parlent d’exclusion de la course, ou tout au moins, de la mise au dernier rang de l’étape".
Autant vous dire tout de suite que les commissaires ont tenu à calmer l’ire du tout puissant Desgrange. Mottiat et Lambot ont été reclassés à la dernière place de l’étape "pour ne pas avoir défendu leur chance" et pénalisés de 3h15’ au classement général ! Lambot glisse donc de la 8ème à la 9ème place ; Mottiat de la 9ème à la 11ème.
Insuffisant pour Desgrange qui réserve à tous une belle surprise au départ de Strasbourg...

 Classement de l’étape

  Classement général

Reclassés à la dernière place de l’étape avec 3h15’ de pénalités