Le Galibier à pied
Etant donné les conditions atmosphériques épouvantables, le départ est donné au pied du Galibier à 7h12. Dès le premier virage, tous s’arrêtent et montent à pied. A. Leducq ne l’oubliera jamais : « Il était déjà remarquable de garder son équilibre sur le vélo pendant une centaine de mètres. On essayait de retirer le plus gros de la boue entre la fourche et la roue avec un morceau de bois ou avec la main, ou bien on prenait son vélo sur l’épaule, dans les passages les plus difficiles, et on repartait. J’ai été, ce jour là, dégoûté à tout jamais du cyclo-cross. Nous avons rallié Evian dans un état lamentable, des loques humaines, méconnaissables sous leur masque de boue et qui poussaient des râles d’animaux, car nous ne pouvions plus articuler une parole. Mon calvaire, pendant ce Tour 1927, je l’ai vécu pendant 7 kilomètres, et à pied, non pas à vélo. C’est l’un des souvenirs les plus pénibles de ma carrière » (« Une Fleur au guidon »).
A ce jeu d’équilibriste, c’est Antonin Magne qui s’en sort le mieux. Le « Fermier de Livry-Gargan » bascule au sommet avec 2’10’’ d’avance sur le touriste-routier (tiens, encore !) Charles Martinet.

 Martinet, pas loin de la consécration
Tandis que Magne enlève la boue de ses roues et de sa chaîne, Martinet se lance à corps perdu dans la descente, sur un chemin guère plus praticable que celui de l’ascension. Un chemin qu’il connaît cependant parfaitement, lui le Franco-Suisse, né en Italie, dans le Val d’Aoste plus précisèment.

Martinet (1894-1976) dans la descente du Galibier

3’ d’avance sur Magne, Geldhof et De Waele à Saint-Michel-de-Maurienne : pourquoi ne pas profiter des inévitables regroupements à l’arrière pour creuser l’écart ? (18’30’’ à Albertville). Malheureusement, Magne relance la course dans les gorges de l’Arly, emmenant avec lui une dizaine de coureurs. Puis, dans le col des Aravis, Verhaegen se lance à la poursuite de l’intrépide isolé. Au sommet, 9’ séparent encore les 2 hommes. Martinet y croit mais il est irrémédiablement dépassé à l’entrée de Thonon-les-Bains, soit à 10 km de l’arrivée.
La voie est libre pour Pé Verhaegen qui remporte sa 1ère étape en ligne sur le Tour. Le coureur de J.B. Louvet s’installe du même coup à la 8ème place du général, bien loin de Nicolas Frantz, prudent 5ème de l’étape aujourd’hui.

 Classement de l’étape

 Classement général