Parcours : Col du Galibier (2ème cat.), de l’Iseran et du Petit-Saint-Bernard

  Les adieux de Bobet
Le départ est donné sous la pluie, à 2043 mètres d’altitude , au sommet du col du Lautaret. Il s’agit alors d’escalader le col du Galibier que Gaul passe en tête (km 7) 8’’ avant la plupart de ses collègues, Bobet, attardé à 5’, excepté.
Le triple vainqueur de l’épreuve revient dans la vallée de la Maurienne mais c’est pour subir le même affront dans le col de l’Iseran, un col pour « athlètes-rouleurs » comme il les affectionne pourtant. Le Breton atteint péniblement le sommet (km 114) puis il bascule dans la descente mais pour mettre rapidement pied à terre, transi de froid. Le docteur Dumas l’examine tandis que Gino Bartali (tout un symbole) lui tient son vélo. C’est fini. Bobet abandonne, le 14 juillet, sur le toit du Tour.

A 34 ans, Bobet abandonne définitivement le Tour.

 Gismondi et Christian devant
Pendant ce temps, après Modane, au 62ème km, l’Italien Gismondi et l’Autrichien Christian se sont enfuis. Les 2 compères ont possédé 8’15’’ d’avance au ravitaillement de Lanslebourg (km 81) avant de franchir l’Iseran 5’30’’ avant Gaul et le maillot jaune Bahamontes, suivis par les autres cadors du peloton. Le col du Petit-Saint-Bernard est gravi sur le même tempo, au train. Les 2 échappés comptent toujours 5’ d’avance au sommet (km 186) sur une vingtaine de coureurs, tous les leaders du Tour, à l’exception de Pauwels, 2ème du général, qui a chuté dans la descente de l’Iseran.

 Baldini remporte sa seule étape sur le Tour
La descente, fort caillouteuse et mouillée, perturbe particulièrement Gismondi qui crève à 4 reprises. Ce qui n’empêche pas l’Italien de rejoindre Christian à Pré-St-Didier (km 210). Mais les 2 fugitifs sont récupérés à 3 km de la ligne par Baldini, Gaul, Anglade et Saint. Le champion du monde, vainqueur du Giro 1958, Ercole Baldini l’emporte au sprint. Ce sera la seule étape que la "Locomotive de Forli" (6ème à Paris) s’adjugera sur le Tour.

Baldini (décédé en 2022 à 89 ans) s’impose sur ses terres.

 Bahamontes plutôt qu’Anglade
Revenons, si vous le voulez bien, sur la descente du col du Petit-Saint-Bernard. Car il semble bien que le Tour 59 se soit joué là. L’état de la route, rappelons-le, est épouvantable, la visibilité quasi nulle. Le maillot jaune Bahamontes, peu à l’aise dans ces circonstances, est lâché par Baldini, Gaul, Saint et, surtout, par Henry Anglade (Centre-Midi), 4ème du général à 4’51’’. Quant aux 2 leaders de l’équipe de France, Rivière et Anquetil, ceux-ci sont victimes de crevaisons. Les voici qui reviennent sur Bahamontes à une trentaine de kilomètres de l’arrivée. Si l’Espagnol ne reçoit aucun soutien de leur part, à l’arrivée, l’addition peut être corsée. Qu’il se rassure : les 2 tricolores participent allégrement à la chasse, tant et si bien que ce groupe ne concède que 47’’ à l’arrivée. Ouf, « l’Aigle de Tolède » vient de sauver, grâce à l’équipe de France, sa Tunique.
On peut, bien sûr, se demander pourquoi les 2 stars françaises ont mis tant de zèle à rouler derrière les échappés. Peut-être préféraient-elles voir un champion étranger de grand renom l’emporter plutôt qu’un "régional" qui leur ferait de l’ombre ?

Classement de l’étape

Classement général