Parcours
Gino Bartali, radioreporter, déclarera : «  Nous venons d’accomplir une étape plus dure qu’une étape alpestre. Pourquoi ? Dans cette région (Rouergue, Aveyron, Cantal), montées et descentes alternent sans arrêt. Il n’y a jamais de plat donc pas de récupération. Sous la chaleur excessive, les coureurs manquaient d’eau et la montée sur Montsalvy fut une découverte désagréable. »

 Ca flingue à tout va
Dès le départ, Rivière se jette à l’avant. Le tricolore n’ira pas loin mais le ton est donné. Dans Carmaux (km 15), le peloton est coupé en plusieurs parties avant que Bergaud, Mahé, Gismondi et Planckaert ne s’enfuient du côté de Tanus (km 31), rejoints par Bahamontes, Dotto et Anglade avant St-Martial (km 40). A peine le temps de reprendre ces 7 coureurs qu’une nouvelle offensive se crée. Plus déterminée cette fois...
En effet, au km 48, Dotto, Busto, Privat, Darrigade, Robinson, Mahé et Adriaensens font le break (2’55" d’avance à La Primaube, km 70). Mais derrière, ça bouge...

 Le break
Au ravitaillement de Rodez (km 78), Falaschi lance la grande offensive pour le compte de son chef de file Baldini, suivi d’Anquetil, Bahamontes, Anglade, Bergaud et Schellenberg. Les échappés du matin sont absorbés dans la côte de Polissal (5 km entre 8% et 10 %). Au sommet (km 109), demeurent en tête, dans l’ordre, Dotto, Bahamontes, Robinson, Baldini, Mahé, Anquetil, Adriaensens, Anglade, Bergaud et Privat. Mais, voici que survient l’inédit col de Montsalvy (passage à 16%)...

 L’effondrement de Gaul
Bahamontes y démontre sa supériorité en basculant au sommet (km 153) 45’’ avant Anglade, 1’30’’ avant Robinson, Bergaud, Mahé, Baldini, Dotto, Anquetil et Adriaensens. Derrière, le tenant du titre, Charly Gaul crève. Le Luxembourgeois produit un violent effort pour revenir rapidement sur le groupe Rivière et... c’est la panne d’essence. Ivre de fatigue et de soleil, il titube sur le vélo, met pied à terre à Junhac (km 158) puis repart, poussé par les spectateurs (30’’ de pénalités). A l’arrivée, « l’Ange de la Montagne » concède (en compagnie de Bobet et de Planckaert) 20’40’’. Le vainqueur du Giro ne remportera pas le Tour.

Charly Gaul n’en peut plus

 L’avènement d’Anglade
Devant, Bahamontes n’insiste pas et les 9 hommes précités se regroupent jusqu’à ce que Dotto tombe et que Bergaud soit lâché. Si bien qu’à Saint-Mamet (km 193), nous retrouvons 7 coureurs à l’avant, pourchassés par Rivière, Manzaneque et les Belges Hoevenars, Brankart et Pauwels à 3’30’’. Les autres sont définitivement battus.
La situation n’évolue plus par la suite et, au sprint sur le vélodrome d’Aurillac, Henry Anglade (Centre-Midi) s’impose devant Anquetil. A 26 ans, le champion de France, vainqueur du Dauphiné Libéré, prend la 2ème place du général. Un "régional" qui ne craint pas les équipes nationales...

Anglade devant Anquetil et Bahamontes.

  La prise du pouvoir d’Hoevenaers
Rivière et Hoevenaers franchissent la ligne 3’52’’ plus tard. Ce qui permet au Belge (3ème du général ce matin) de s’emparer du maillot jaune, Vermeulin ayant aujourd’hui explosé (24ème à 22’51’’).

 L’hécatombe
L’étape s’est révélée plus meurtrière que les Pyrénées avec un peloton qui finit à 32’10’’ et 15 coureurs qui ont abandonné ou arrivent hors-délais. L’équipe de France perd 2 hommes (Stablinski et Everaert) ; l’Espagne 4 (Suarez, Otano, Berrendero et Galdeano) tandis que Gaul se voit privé des services de P. Van Est.

Classement de l’étape

Classement général