L’étape décisive
56’’ séparent le maillot jaune Jacques Anquetil (Saint-Raphaël) de Raymond Poulidor (Mercier). L’objectif d’Antonin Magne, le directeur sportif du Limousin, est simple : empêcher toute échappée de prendre de l’ampleur de manière à ce que son favori empoche les bonifications (1’ au premier ; 30’’ au 2ème) à l’arrivée au Puy de Dôme.
Les Mercier vont donc réaliser un gros travail et le peloton se présenter groupé au pied du juge de paix : 11 km d’ascension à partir de Royat (5 km à 7 %, 1 km de faux plat et 5 km autour de 13 %).

 Le vainqueur
A 5,5 km du sommet, un sérieux écrémage a déjà eu lieu. Il ne reste plus que les hommes forts : Federico Bahamontes (Margnat-Paloma) qui mène le train, Julio Jimenez (Kas), Poulidor et Anquetil.
C’est à 4 km que Jimenez produit son effort. Bahamontes se lance à sa poursuite avec un temps de retard. Poulidor ne parvient pas à hausser le rythme. On ne reverra plus les 2 Espagnols. Excellente nouvelle pour Anquetil : les bonifications se sont envolées.
Jimenez conserve jusqu’au bout son avance sur son compatriote (11’’). Le petit grimpeur d’Avila, pour sa 1ère participation à la Grande Boucle à près de trente ans, a frappé fort : 2 étapes de montagne, 7ème du général. Il faudra compter avec lui dans l’avenir.

 Le duel
Mais les esprits se sont focalisés sur l’affrontement que la France entière attend.
Anquetil et Poulidor sont maintenant côte à côte, coude à coude, « leur souffle et leur sueur » se mélangeant sur 3 km. Le Normand est au bord de la rupture mais il n’est pas question de rendre un seul pouce de terrain à son adversaire. Ce n’est qu’à 950 m du sommet que Poulidor parvient quand même à prendre l’avantage. Anquetil, épuisé, dépassé par Vittorio Adorni (Salvarani), concède finalement 42’’ à son rival.
A l’arrivée, au bord de l’évanouissement, il s’écroule sur le capot de la voiture de Geminiani et lui demande : « Combien ? ». Réponse du directeur sportif : « 14’’ ». « J’en ai 13 de trop », conclut alors «  Maître Jacques ».

La célébrissime photo de Roger Krieger.

"Nous nous sommes touchés, Jacques et moi, par la faute des motos. Elles nous serraient. Il faisait très chaud. Les gaz d’échappement m’ont brûlé le mollet. J’ai fait un écart vers lui. On aurait pu tomber tous les deux !" (Poulidor)

Classement de l’étape

Classement général