Gaul change de vélo, Gem en profite
Alors que Privat, Bottecchia, Manzaneque et Anglade (équipier de Géminiani) caracolent à l’avant, 55’’ avant le peloton, aux environs du 40ème km, Charly Gaul (3ème du général) est victime du bris de son double-plateau. Il doit emprunter le vélo de Marcel Ernzer, plus grand que lui. Aussitôt, Géminiani attaque. Le maillot jaune rejoint les 4 hommes de tête en compagnie de Favero (2ème du général), d’Adriaensens, de Bergaud, de Morvan et de 3 de ses équipiers du "Centre-Midi" (Busto, Chaussabel, Dotto). Ajoutons-y bientôt Van Est et Planckaert et nous avons 14 hommes avec 1’30’’ d’avance (km 58) sur l’équipe de France et sur le pauvre Luxembourgeois, mal à l’aise sur un vélo qui ne lui convient pas.

 Anquetil et Nencini reviennent
L’équipe de France se doit de réagir. Pendant que Bobet rameute les troupes à l’arrière, Darrigade fournit un effort extraordinaire de manière à catapulter Anquetil, accompagné de Nencini, Graczyk et Botella vers le groupe de tête. Bobet est piégé. Il ne peut que suivre Gaul et le neutraliser.
Pendant ce temps, Anquetil opère la jonction avec Géminiani et ses compagnons peu avant le col du Perty. Au cours de l’ascension, les échappés perdent de nombreuses unités mais l’essentiel est ailleurs : ils creusent l’écart avec Gaul (3’5’’ au sommet du col, km 85 ; 8’25’’ au col de Foreyssasse, km 144).

 Le baroud d’honneur de Bobet
Gaul au bout du rouleau, Louison Bobet se détache et s’attelle à une chasse impossible. Le Breton parvient à récupérer 4’ dans les 25 derniers kilomètres mais, à l’arrivée, il ne se fait aucune illusion. 12ème de l’étape à 6’7’’, il a perdu le Tour et n’a pas oublié la façon dont cela s’est passé : « Il ne faudra pas compter sur moi pour déboulonner Raphaël désormais. Si l’autre veut gagner le Tour, qu’il se débrouille seul », murmure-t-il.

  Victoire de Nencini, Gem exulte
Dans la dernière difficulté du jour, le col de la Sentinelle, Nencini passe en tête (km 171) avec Anquetil, Géminiani et Adriaensens. Ces 4 hommes se jouent ensuite la victoire au sprint. Gastone Nencini, vainqueur du Giro 1957, remporte sa 4ème étape sur le Tour. Il faut la photo-finish pour départager Géminiani (2ème) d’Anquetil (3ème). L’Auvergnat est aux anges : « Maintenant, je crois qu’il ne me reste plus qu’un homme à redouter : Anquetil. »
Quant à Gaul, il termine 32ème à 11’. "L’Ange de la Montagne" est dépité : « J’ai fait 100 kilomètres avec un vélo trop grand pour moi. Je ne pouvais rien faire dans les cols que rester dans les roues. Je n’étais pas à ma position. (...) Je n’étais pas fatigué du tout par le Ventoux, pas du tout. »
Et dire qu’il ne s’agissait que d’une étape de transition !

Geminiani pense avoir fait le plus dur...

Classement de l’étape

Classement général