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471 km. 18 et 19 juillet 1903
Le départ de Nantes
Le contrôle a lieu au Café Continental en plein centre-ville de Nantes à 18 heures. La foule, très nombreuse, n’a pas oublié les péripéties de l’étape précédente : Augereau est ovationné, Garin sifflé. Les 21 rescapés se rendent ensuite au Café Babonneau, au rond-point de la route de Paris où Georges Abran donne le départ réel à 19 h 53’.
Dès les premiers kilomètres, les coureurs adoptent un train sévère (plus de 30 km/h). Une nuée de cyclistes les accompagne jusque la côte de La Seilleraye qui se charge de séparer le bon grain de l’ivraie.
Un accident mortel
Tandis que la course se décante par l’arrière, 2 motocyclistes se percutent près de Luynes vers 3 heures du matin alors qu’ils se rendaient sur le lieu de passage du Tour. L’un succombera peu après, l’autre sera victime d’un grave traumatisme crânien.
L’arrivée à Ville-d’Avray
Le département de la Seine a interdit toute course à l’intérieur de son périmètre. C’est donc au restaurant du « Père vélo » à Ville-d’Avray que l’arrivée est chronométrée, « Père vélo » étant débaptisé « Père auto » pour la circonstance (rappelez-vous la lutte fratricide entre les 2 quotidiens sportifs de l’époque) !
Vers 14 h 9’, 8 coureurs font irruption sur la ligne, Garin en 1er, Augereau juste derrière, Pothier pas très loin. Cette dernière étape n’apporte donc aucune modification au général.
Les héros n’en ont pas fini pour autant. Ils doivent encore se rendre au Parc des Princes porteurs d’une fiche indiquant leur heure d’arrivée puis effectuer 2 tours de piste avant de recevoir les honneurs mérités.
Garin pour l’éternité
A 32 ans, Maurice Garin entre dans l’histoire en remportant ce 1er Tour de France à 25,6 km/h de moyenne. Interviewé le lendemain dans « L’Auto » (qui a fortement augmenté ses ventes, jusqu’à 130 000 exemplaires certains jours), le Nordiste avoue avoir perdu 2,5 kg. Ce qui n’est pas beaucoup. Le 25 juillet, il est reçu en triomphe à la gare de Lens et défile dans les rues de la cité minière pour être accueilli en grandes pompes par le maire.
En 1904, il gagnera encore une fois l’épreuve mais il sera plus tard déclassé et suspendu 2 ans. Il ouvrira ensuite un garage, toujours à Lens, avant de mourir en 1957.
- Garin, fier de son succès, entouré de son masseur et de son fils.
Millochau pour l’honneur
Arsène Millochau a terminé 21ème et dernier en réalisant 15,72 km/h de moyenne.
Né en 1867, il a 36 ans et déjà une belle carrière derrière lui lorsqu’il se lance dans l’aventure. Millochau a en effet participé aux inaugurations de Bordeaux-Paris et de Paris-Brest-Paris en 1891. On le retrouvera encore au départ de cette terrible épreuve (plus de 1200 km) en 1921 à 54 ans !
« Miroir-Sprint » lui rendra hommage en 1947, un an avant sa mort, alors qu’il travaillait toujours rue de Charonne à Paris, à 81 ans, dans son atelier de réparation de cycles.
Classement de l’étape
Place | Coureur | Temps / Ecart |
---|---|---|
1 | Maurice Garin (Fra) | en 18h9’ |
2 | Fernand Augereau (Fra) | à 10’’ |
3 | Julien Lootens "Samson" (Bel) | m.t. |
4 | Jean Fischer (Fra) | à 1’20’’ |
5 | Lucien Pothier (Fra) | à 1’30’’ |
6 | Rodolphe Muller (Fra) | à 2’ |
7 | Alexandre Foureaux (Fra) | à 2’30’’ |
8 | Julien Girbe (Fra) | à 2’35’’ |
9 | François Beaugendre (Fra) | à 21’ |
10 | Marcel Kerff (Bel) | à 53’ |