La Grande Boucle

Etape 20 : Caen - Paris

Jean-Philippe — 2009-07-01T11:00:10Z

Vissers venge ses compatriotes
Vicini a beau attaquer dans la côte du Cœur-Volant, il lui est impossible de lâcher Lapébie qui remporte le Tour à la vitesse moyenne record de 31,768 km/h. Quant à l'étape, elle revient à l'individuel Bbelge Edouard Vissers. L'Anversois, 6ème du général, s'est enfui avant la dernière difficulté et s'est imposé avec 43'' d'avance sur le 1er peloton.


Vissers à son arrivée sur le vélodrome du Parc des Princes

Lapébie ne reviendra plus sur le Tour
Le Tour de France s'achève en apothéose pour Roger Lapébie mais le Bordelais, à 26 ans, n'imagine pas qu'il vient d'effectuer ses derniers tours de pédale sur la Grande Boucle. Desgrange n'a en effet guère apprécié les péripéties qui ont amené la formation belge à se retirer de l'épreuve du côté de ... Bordeaux. Il n'a pas non plus supporté que Jean Leulliot, le directeur sportif Français, expert en mécanique, ait contourné le règlement en faisant confectionner des moyeux arrière à double filetage permettant à ses coureurs de profiter de 6 vitesses au lieu de 3. En conséquence, et peut-être sous la pression de Karel Steyaert, le tout puissant patron du cyclisme flamand, le vainqueur du Tour 37 ne sera pas sélectionné l'année suivante : « Je ne sais pas encore qu'ils ont accroché ma photo dans tous les bars de Belgique. C'est un jeu. Il faut me crever les yeux avec des fléchettes » (propos de Lapébie rapportés par J-P. Ollivier dans « Roger et Guy Lapébie »).
En mai 1939, Lapébie (1911-96) se brisera la rotule à l'arrivée de Bordeaux-Paris, ce qui mettra un terme à sa carrière.


Roger Lapébie et l'équipe de France à leur arrivée à Paris

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Edouard Vissers (Bel)	en 7h23'42''
2	Henri Puppo (Fra)	à 43''
3	Sauveur Ducazeaux (Fra)
4	Giuseppe Martano (Ita)
5	Gustaaf Deloor (Bel)
6	Erich Bautz (All)
7	Antoon Van Schendel (PB)
8	Fabien Galateau (Fra)
9	Herbert Muller (Bel)
10	Bruno Carini (Fra)	t.m.t.

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Etape 19 B : Vire - Caen (c.l.m.)

Jean-Philippe — 2009-06-24T14:13:19Z

La route neutralisée
Jusqu'à présent, les chronos individuels avaient toujours tourné au fiasco, les commissaires étant dans l'impossibilité de contrôler la régularité de la course de la totalité des participants. Cette fois, les organisateurs sont parvenus, pendant plusieurs heures, et ce un samedi après-midi, à neutraliser la pittoresque route qui mène de Vire à Caen via Aunay. Toutes les voies adjacentes, tous les chemins de traverse ont été surveillés par des gendarmes ou des gardes-champêtres. Les premiers du général ont été suivis par des voitures officielles, les autres par des contrôleurs spécialement accrédités. Pour un résultat des plus positifs !

Amberg sur le podium
Déjà en tête à mi-course avec 1'5'' d'avance sur Lapébie, Léo Amberg l'a emporté à 39,954 km/h de moyenne. Le champion de Suisse 1937 et 38 a relégué Camusso (14ème de l'étape) à 4'46''. Amberg retrouve ainsi la 3ème place sur le podium, une première pour la Suisse.


Léo Amberg (1912-1999) entre dans l'histoire en tant que 1er Suisse à monter sur le podium du Tour.: Il avait terminé 13ème du Giro 1937.

Lapébie et le dérailleur
4ème de l'étape avec 12'' d'avance sur Vicini, son seul adversaire au général, Roger Lapébie a gagné le Tour de France. L'année où le dérailleur a fait son apparition. Pas une coïncidence aux yeux de Jean Leulliot, le directeur technique national : « Pour l'emploi des développements, au contraire de Marcaillou, Lapébie m'a toujours écouté. Pour l'Izoard, je lui avais ainsi indiqué les bons repères, et lorsque de nombreux belges attendaient d'être en difficulté pour changer de vitesse, s'énervant, manœuvrant brutalement, Roger qui avait fait son changement au bon endroit, passait. Dans Vire-Caen, je suis persuadé que s'il n'avait pas changé plus de 40 fois de vitesse, il aurait été battu par Vicini. Roger accepta donc de se laisser conduire aveuglement, et penché à la portière, je lui criais : « 15, 17, 16, 18 ». Sa cadence resta ainsi toujours la même. Or, Vicini devant rétropédaler pour faire sauter la chaîne, ne put pas changer de vitesse aussi souvent. »

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Léo Amberg (Sui)	en 1h28'36''
2	Erich Bautz (All)	à 2'29''
3	Giuseppe Martano (Ita)	m.t.
4	Roger Lapébie (Fra)	à 3'10''
5	Edouard Vissers (Bel)	m.t.
6	Mario Vicini (Ita)	à 3'22''
7	Robert Zimmermann (Sui)	à 3'30''
8	Herbert Muller (Bel)	à 3'34''
9	Sylvain Marcaillou (Fra)	à 3'39''
10	Gustaaf Deloor (Bel)	à 3'46''

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Roger Lapébie (Fra)	en 131h34'6''
2	Mario Vicini (Ita)	en 131h41'23''
3	Léo Amberg (Sui)	en 132h0'19''
4	Francesco Camusso (Ita)	en 132h0'59''
5	Sylvain Marcaillou (Fra)	en 132h9'42''
6	Edward Vissers (Bel)	en 132h15'15''
7	Paul Chocque (Fra)	en 132h39'25''
8	Pierre Gallien (Fra)	en 132h39'31''
9	Erich Bautz (All)	en 132h40'47''
10	Jean Fréchaut (Fra)	en 132h55'20''

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Etape 19 A : Rennes - Vire

Jean-Philippe — 2009-06-24T11:44:13Z

La prime pour Passat
Les coureurs sont obligés de sortir leur imperméable lors de cette pluvieuse demi-étape bretonne. Raymond Passat n'en a cure. Le « Breton de Paris » se lance à l'offensive un peu avant Fougères, à quelque 80 km de l'arrivée. Le peloton le laisse partir et Passat s'octroie 11'55'' d'avance à Vire. Il réalise ainsi une excellente opération financière puisqu'il récupère 7500 F. de prime au détriment de Camusso. La Chambre Syndicale du Cycle avait en effet décidé d'accorder cette somme à celui qui remporterait l'étape avec le plus grand écart sur son concurrent. L'Italien avait gagné Montpellier-Narbonne avec plus de 8' d'avance. Insuffisant !


Raymond Passat à Mortain

Vicini sanctionné
L'individuel Mario Vicini (2ème du général) a été pénalisé de 2' pour avoir, après crevaison, été aidé par Romanatto de l'équipe nationale italienne. Le voici désormais relégué à plus de 7' de Lapébie.

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Raymond Passat (Fra)	en 3h21'56''
2	Giuseppe Martano (Ita)	à 11'55''
3	Adolf Braeckeveldt (Bel)
4	Paul Egli (Sui)
5	Heinz Wengler (All)
6	Victor Cosson (Fra)
7	Sauveur Ducazeaux (Fra)
8	Paul Chocque (Fra)
9	Roger Lapébie (Fra)
10	Mario Vicini (Ita)	t.m.t.

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Roger Lapébie (Fra)	en 130h2'20''
2	Mario Vicini (Ita)	à 7'5''
3	Francesco Camusso (Ita)	à 25'17''

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Etape 18 B : La-Roche-sur-Yon - Rennes

Jean-Philippe — 2009-06-24T10:07:01Z

L'équipe de France capitalise
Ni les 172 km de montagnes russes, ni la traversée de Nantes ne secouent les ardeurs du peloton. Il ne faut donc retenir de cette « grande et populaire démonstration de propagande cycliste » (R. Huttier) que l'échappée décisive de Paul Chocque dans les derniers kilomètres. Le Versaillais, vainqueur de Bordeaux-Paris en 1936, s'adjuge ainsi sa 2ème étape sur ce Tour 1937 qu'il terminera à la 7ème place du général.


Paul Chocque, ici vainqueur de Bordeaux-Paris en 1936, décédera des suites d'une chute sur le vélodrome du Parc des Princes en 1949, à 39 ans.

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Paul Chocque (Fra)	en 6h6'14''
2	Jean Fréchaut (Fra)	à 6''
3	Henri Puppo (Fra)
4	Pierre Cloarec (Fra)
5	Adolf Braeckeveldt (Bel)
6	Francesco Camusso (Ita)
7	Giuseppe Martano (Ita)
8	Carlo Romanatti (Ita)
9	Augusto Introzzi (Ita)
10	Oskar Thierbach (All)	t.m.t.

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Roger Lapébie (Fra)	en 126h28'29''
2	Mario Vicini (Ita)	en 126h33'34''
3	Francesco Camusso (Ita)	en 126h53'46''
4	Léo Amberg (Sui)	en 127h1'22''
5	Sylvain Marcaillou (Fra)	en 127h3'36''
6	Edward Vissers (Bel)	en 127h9'38''
7	Paul Chocque (Fra)	en 127h27'28''
8	Erich Bautz (All)	en 127h29'14''
9	Pierre Gallien (Fra)	en 127h29'42''
10	Jean Fréchaut (Fra)	en 127h44'39''

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Etape 18 A : La Rochelle - La Roche-sur-Yon (c.l.m. par équipes)

Jean-Philippe — 2009-06-24T08:55:46Z

Le retour des départs séparés
On y perd un peu son latin mais voici qu'un contre-la-montre par équipes est à nouveau organisé sur les routes plates de Vendée, alors qu'on avait annoncé leur suppression du côté de Marseille...
Toujours est-il que l'équipe de France prend les affaires en main (15'' d'avance après 10 km ; 7'' après 40 km) avant de se faire dépasser par les transalpins, bien emmenés par Vicini (2ème du général) et Martano (2'' d'avance au 50ème km). Finalement, au stade-vélodrome de La Roche-sur-Yon, les Français l'emportent de 11'' à 40,783 km/h de moyenne. En franchissant en premier la ligne, le maillot jaune Roger Lapébie s'adjuge sa 9ème et dernière victoire d'étape sur le Tour.
Amberg est le grand perdant du jour. Associés aux Espagnols, lui et ses équipiers suisses ont concédé 7'48'', ce qui permet à Camusso de lui chiper sa place sur le podium.


Poussée par Jean Leulliot, leur directeur technique, l'équipe de France fonce vers La-Roche-sur-Yon

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Roger Lapébie (Fra)	en 1h59'10''
2	Sylvain Marcaillou (Fra)
3	Paul Chocque (Fra)
4	Robert Tanneveau (Fra)	t.m.t.
5	Giuseppe Martano (Ita)	à 11''
6	Augusto Introzzi (Ita)
7	Mario Vicini (Ita)
8	Antoon Van Schendel (PB)
9	Francesco Camusso (Ita)
10	Carlo Romanatti (Ita)	t.m.t.

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Roger Lapébie (Fra)	en 120h22'9''
2	Mario Vicini (Ita)	à 5'5''
3	Francesco Camusso (Ita)	à 25'17''

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Etape 17 C : Saintes - La Rochelle

Jean-Philippe — 2009-06-21T14:49:42Z

Tout bénéfice pour Lapébie
Ce 3ème tiers d'étape ne laisse aucune trace dans l'histoire, si ce n'est le sprint final qui permet à Roger Lapébie d'empocher 1'30'' de bonification. Voici désormais le Français avec près de 5' d'avance au général sur Vicini. On ne voit pas comment l'individuel Italien pourrait, à 3 jours de Paris, retourner la situation.

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Roger Lapébie (Fra)	en 2h25'50''
2	Giuseppe Martano (Ita)
3	Adolf Braeckeveldt (Bel)
4	Jean Fréchaut (Fra)
5	Jean Goujon (Fra)
6	Heinz Wengler (All)
7	Francesco Camusso (Ita)
7	Carlo Romanatti (Ita)
7	Oskar Thierbach (All)
7	Augusto Introzzi (Ita)	t.m.t.

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Roger Lapébie (Fra)	en 118h22'59''
2	Mario Vicini (Ita)	en 118h27'53''
3	Léo Amberg (Sui)	en 118h48'4''
4	Francesco Camusso (Ita)	en 118h48'5''
5	Edouard Vissers (Bel)	en 118h54'18''
6	Sylvain Marcaillou (Fra)	en 118h58'6''
7	Pierre Gallien (Fra)	en 119h22'12''
8	Paul Chocque (Fra)	en 119h23'40''
9	Erich Bautz (All)	en 119h29'10''
10	Jean Fréchaut (Fra)	en 119h34'59''

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Etape 17 B : Royan - Saintes

Jean-Philippe — 2009-06-17T15:50:32Z

2 vainqueurs d'étape
A 3 jours de Paris, Roger Lapébie endosse le maillot jaune laissé vacant depuis le départ de la formation belge. C'est l'événement principal de ce tiers d'étape Royan-Saintes qui, à l'origine, devait se dérouler en contre-la-montre par équipes avant que Desgrange n'intervienne pour modifier le règlement.
Autant avouer tout de suite qu'il ne s'est strictement rien passé lors de ces 37 km (!), hormis la chute de Paul Chocque à l'entrée du vélodrome. Le tricolore possédait alors une centaine de mètres d'avance et l'aurait sans doute emporté sans cet incident. Après un sprint acharné, l'Allemand Heinz Wengler et l'individuel belge Adolf Braeckeveldt en ont profité pour inscrire tous deux leur nom au palmarès des vainqueurs d'étape du Tour.


A gauche, Wengler (1912-1942). A droite, Braeckeveldt (1912-1985)

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Adolf Braeckeveldt (Bel)	en 1h6'27''
1	Heinz Wengler (All)
3	René Pedroli (Sui)
4	Henri Puppo (Fra)
5	Arsène Mersch (Lux)
6	Pierre Cloarec (Fra)
7	Paul Egli (Sui)
8	Giuseppe Martano (Ita)
9	Carlo Romanatti (Ita)
10	Augusto Introzzi (Ita)	t.m.t.

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Roger Lapébie (Fra)	en 115h58'59''
2	Mario Vicini (Ita)	à 2'54''
3	Léo Amberg (Sui)	à 23'5''

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Etape 17 A : Bordeaux - Royan

Jean-Philippe — 2009-06-14T17:45:30Z

L'équipe de Belgique abandonne
On a beau retarder l'étape, Karel Steyaert, le directeur sportif belge, Sylvère Maes, leader du général, Albertin Disseaux (5ème), Jules Lowie (8ème), Félicien Vervaecke (10ème) et leurs 5 équipiers restent à Bordeaux, scandalisés par le comportement des supporters français. Peut-être la décision de Desgrange d'annuler les contre-la-montre par équipes a-t-elle également pesé dans la balance ? Peut-être les Belges ont-ils pensé qu'il leur serait désormais difficile de conserver la Tunique jusqu'au bout, étant donnée la qualité de Lapébie lors des sprints ?
Toujours est-il que l' « Escadron Noir » se retrouve le soir même à la gare de Bruxelles où une bonne nouvelle les attend : les journaux belges ont lancé une souscription qui leur permettra de largement combler leur manque à gagner.


L'équipe belge quitte le Tour, Vervaecke cigarette aux lèvres, S. Maes à sa gauche.

Ceux qui restent souffrent
46 coureurs prennent finalement le départ sans que le maillot jaune ne soit attribué. On pense assister à un tiers d'étape tranquille mais la crevaison de l'individuel belge Vissers (3ème du général) bouleverse les données. Amberg et l'équipe suisse prennent le commandement et c'est à près de 40 km/h de moyenne que le peloton rallie Royan où Erich Bautz (1913-1986) remporte sa 2ème étape sur ce Tour devant Lapébie qui empoche 45'' de bonification. Le pauvre Vissers termine à 14'15''.

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Erich Bautz (All)	en 3h5'12''
2	Roger Lapébie (Fra)
3	Adolf Brackeveldt (Bel)
4	Henri Puppo (Fra)
5	Francesco Camusso (Ita)
5	Giuseppe Martano (Ita)
5	Ludwig Geyer (All)
5	Oskar Thierbach (All)
5	Augusto Introzzi (Ita)
5	Otto Weckerling All)	t.m.t.

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Roger Lapébie (Fra)	en 114h52'32''
2	Mario Vicini (Ita)	à 2'54''
3	Léo Amberg (Sui)	à 23'5''

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Etape 16 : Pau - Bordeaux

Jean-Philippe — 2009-06-13T11:56:01Z

Une ambiance délétère
Cette étape Pau-Bordeaux sent le soufre. Roger Lapébie (2ème du général à 3'33'' de Maes), né à Bayonne, Bordelais d'adoption, traverse les terres au travers desquelles il est l'objet d'un véritable culte. Or, la veille, les commissaires l'ont pénalisé d'1'30''. Un scandale selon ses supporters qui ont promis l'enfer à la caravane du Tour.
En effet, le long de la route qui mène à la capitale de l'Aquitaine, les spectateurs s'en prennent aux voitures suiveuses. L'hystérie est telle que ceux qui ont pris la sanction vis-à-vis de Lapébie ont abandonné la course à Hostens. Les journalistes, copieusement insultés, sont obligés de fabriquer des pancartes indiquant : « Pas de commissaires dans cette voiture »...

Excellente opération pour Lapébie
Sportivement parlant, il ne se passe rien pendant 200 km, jusqu'à ce que le maillot jaune crève. Aussitôt, l'équipe de France met en route tandis que Maes tergiverse quelque peu avant de changer de roue avec Danneels. Pas de panique : les Belges comblent une partie de leur retard. Ils vont sans doute effectuer la jonction mais, à Marcheprime, les barrières d'un passage à niveau se ferment devant eux. Ils doivent freiner, passer sur le côté et les voilà qui concèdent du temps et s'avouent bientôt vaincus.


Le désormais fameux passage à niveau de Marcheprime que les Belges doivent contourner.

Devant, l'équipe de France s'en donne à cœur joie. A l'entrée de Bordeaux, Lapébie distance le peloton d'une centaine de mètres. Les Allemands, décidés à gagner l'étape, reviennent sur lui. C'est alors que Paul Chocque (vainqueur de Bordeaux-Paris en 1936) se lance à l'assaut et conserve suffisamment d'avance pour l'emporter. Lapébie remporte le sprint pour la 2ème place et s'offre ainsi 45'' de bonifications.
Maes franchit la ligne 1'38'' après son adversaire. Les 2 hommes ne sont plus séparés que par 40'' ! Plus rapide au sprint, Lapébie peut parfaitement renverser la donne !

Les Belges sont furieux
Ce n'est pas fini ! Une réclamation est déposée à l'encontre de Maes qui a bénéficié, lors de la poursuite finale, du soutien de 2 individuels belges (Deloor et Braeckeveldt). Une réclamation qui aboutit à une pénalité de 15''. Les Belges sont outrés. Ils estiment que les barrières du passage à niveau ont été fermées délibérément. Ils affirment que Meulenberg a reçu du poivre sur la figure, que Disseaux a été frappé. Pas question de continuer dans ces conditions...

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Paul Chocque (Fra)	en 7h56'50''
2	Roger Lapébie (Fra)	à 7''
3	Heinz Wengler (All)
4	Paul Egli (Sui)
5	Jean Frechaut (Fra)
6	Francesco Camusso (Ita)
7	Giuseppe Martano (Ita)
8	Carlo Romanatti (Ita)
9	Oskar Thierbach (All)
10	Augusto Introzzi (Ita)	t.m.t.

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Sylvère Maes (Bel)	en 111h47'20''
2	Roger Lapébie (Fra)	en 111h47'45''
3	Mario Vicini (Ita)	en 111h50'24''
4	Edouard Vissers (Bel)	en 112h2'24''
5	Albertin Disseaux (Bel)	en 112h6'44''
6	Léo Amberg (Sui)	en 112h10'35''
7	Francesco Camusso (Ita)	en 112h10'36''
8	Jules Lowie (Bel)	en 112h20'5''
9	Sylvain Marcaillou (Fra)	en 112h20'37''
10	Félicien Vervaecke (Bel)	en 112h27'50''

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Etape 15 : Luchon - Pau

Jean-Philippe — 2009-06-10T14:01:02Z

Sabotage ?
Le matin de l'étape reine du Tour, alors qu'il effectue une séance d'échauffement, Roger Lapébie (2ème du général) s'affale par terre, le guidon cassé entre les mains. Les Français s'aperçoivent aussitôt qu'il a été scié. Qui a bien pu faire ce coup ? Les soupçons se portent sur un mécanicien Bbelge de l'équipe de France. Sans preuve, évidemment. Pas le temps de s'attarder sur ce contretemps, il faut vite adapter un nouveau guidon. Le premier que l'on trouve...Il ne possède pas de porte-bidons ! Tant pis !

Coup de pompe et réconfort
Dès Peyresourde, le 1er col de la journée, Lapébie lâche du lest. Il concède 2' de retard au sommet sur Lowie, Maes, Vervaecke, Kint, Vissers, Berrendero et Gallien. Dans le col d'Aspin, le calvaire du champion de France 1933 continue : 6'47'' de retard. Le Bordelais parle d'abandonner. Ca ne va pas mieux dans le Tourmalet jusqu'à ce qu'il aperçoive Félix Lévitan. Le journaliste, futur directeur-adjoint du Tour de France, le pousse ardemment (les 2 hommes le reconnaîtront plus tard) et lui remonte le moral : le maillot jaune Maes donne des signes de fatigue. Il a demandé à ses équipiers de ralentir la cadence. Ce n'est pas le moment de craquer ! Réconforté, bien épaulé par Chocque et Marcaillou, Lapébie se lance à fond dans la descente pour ne plus compter que 3' de retard à Argelès. Encore un effort et le peloton de tête est rejoint dans le Soulor !

Bonification
Vicini (3ème du général) ne s'est jusqu'à présent pas fait remarquer. Il peut enfin produire son effort et franchir l'Aubisque seul en tête. Pas de chance, l'individuel italien crève dans la descente et se fait dépasser par Julian Berrendero (1912-1995). L'Espagnol remporte ici son unique étape dans l'épreuve, lui qui a gagné le Grand Prix de la Montagne l'année dernière.
49'' plus tard, Lapébie, ressuscité, règle le sprint du peloton pour la 2ème place et s'empare de 45'' de bonifications.


Julian Berrendero deviendra le 1er espagnol à remporter le Tour d'Espagne (en 1941 et 1942).

Sanction
Finalement, une excellente journée pour le leader tricolore. Oui mais elle se gâte quelque peu par la suite lorsque Lapébie est accusé d'avoir été poussé dans les cols (par de nombreux supporters, pas par Lévitan car l'incident est passé inaperçu) et d'avoir été ravitaillé de manière illicite par des membres de sa famille. Il est sanctionné d'1'30'' de pénalités. Le voici donc relégué au général à plus de 3' de Maes.
L'équipe de France refuse cette sanction. Elle menace de se retirer de l'épreuve. La tension est à son comble...

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Julian Berrendero (Esp)	en 7h1'1''
2	Roger Lapébie (Fra)	à 49''
3	Jean Fréchaut (Fra)
4	Mario Vicini (Ita)
5	Victor Cosson (Fra)
6	Mariano Canardo (Esp)
7	Sylvère Maes (Bel)
8	Francesco Camusso (Ita)	t.m.t.
9	Léo Amberg (Sui)	à 1'47''
10	Paul Egli (Sui)	à 3'27''

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Sylvère Maes (Bel)	en 103h48'30''
2	Roger Lapébie (Fra)	en 103h51'33''
3	Mario Vicini (Ita)	en 103h53'27''
4	Edouard Vissers (Bel)	en 103h58'38''
5	Albertin Disseaux (Bel)	en 104h2'14''
6	Léo Amberg (Sui)	en 104h6'49''
7	Francesco Camusso (Ita)	en 104h13'39''
8	Jules Lowie (Bel)	en 104h21'30''
9	Sylvain Marcaillou (Fra)	en 104h23'40''
10	Félicien Vervaecke (Bel)	en 104h24'47''

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