Bernard s’impose
La grande performance de la journée est l’œuvre de Jean-François Bernard. A 47,221 km/h de moyenne, le leader de la formation Toshiba a dominé ce contre-la-montre du début à la fin (34’’ sur Roche au bas de la côte de Val-Suzon, km 20 ; 53’’ au sommet, km 22 ; 1’32’’ à Hauteville-les-Dijon, km 30 ; 1’44’’ à l’arrivée).
Le Français conforte ainsi définitivement sa 3ème place du général, Charly Mottet (8ème de l’étape) lui concédant aujourd’hui 2’51’’. En 2013, lors d’un entretien avec Vincent Delzescaux pour RMC Sport, Bernard revient sur cette performance : "Je pense que le Tour 1987 reste douloureux. C’est vrai que je suis 3e sur le podium, mais ce n’est pas une victoire sur les Champs-Elysées. Une fois de plus, je pense que ce Tour, j’aurais dû le gagner. Je suis le seul coureur avec Schumacher à avoir gagné les 2 chronos du Tour sans gagner le Tour" (les performances de l’Allemand ont été rayées des tablettes du Tour 2008 suite à un contrôle antidopage positif, ndlr).
"- Avec du recul, qu’est-ce qui vous a fait perdre le Tour ?
C’est un tout. La première chose, c’est ma jeunesse et mon manque d’expérience. Après, je pense avoir commis quelques erreurs tactiques à certains moments de la course. Il faut aussi savoir qu’on avait une relation assez difficile avec le directeur sportif, Paul Koechli, qui était assez critiqué par ses compères des autres équipes. C’est un ensemble d’éléments.
- Comment parvient-on à digérer ça ?
On est bien forcé, même si la digestion peut durer longtemps. C’est après qu’on se rend compte qu’on est passé à côté de quelque chose. Etre troisième du Tour, c’est bien : on est connu parce qu’on a gagné le Ventoux, parce qu’on est sur le podium du Tour, parce qu’on a gagné Paris-Nice… Mais on n’a pas gagné le Tour. Quand on gagne le Tour et qu’on est invité quelque part, on a une autre ampleur que lorsqu’on est simplement troisième. La marche entre la troisième et la première place est énorme, même s’il y avait quand même la récompense d’être sur le podium."
Jeff semble posséder les reins suffisamment solides pour remplir son rôle de leader en 1988. Ce ne sera pas le cas. Il faudra attendre 1991 pour découvrir un nouveau Bernard, aux ambitions moindres, équipier de luxe au service d’Indurain avec qui il remportera 4 fois la Grande Boucle.

 Roche entre dans l’histoire
Pedro Delgado possédait 21’’ d’avance au départ de ce contre-la-montre mais le maillot jaune ne se faisait guère d’illusions. Stephen Roche paraissait mieux armé pour cette épreuve.
En effet, après 20 km, l’Espagnol avait déjà perdu 54’’ sur l’Irlandais ; 1’14’’ au sommet de la côte de Val-Suzon. La fin de course lui a été plus favorable (7ème de l’étape à 1’1’’ de son rival) mais c’est bien Stephen Roche qui, à bientôt 28 ans, devient le premier irlandais vainqueur du Tour de France. Il est aussi le 5ème homme à doubler Giro et Tour de France la même année. Avant lui, seuls Coppi (en 49 et 52), Anquetil (en 64), Merckx (en 70, 72 et 74) et Hinault (en 82 et 85) avaient réalisé une telle performance. Il faudra plus tard ajouter Indurain en 92 et 93 et Pantani en 98 à cette prestigieuse liste. Mieux encore, Roche remportera dans la foulée le championnat du monde. Et là, il dépassera tous ces extraordinaires champions, tous sauf Merckx, évidemment.

Stephen Roche bientôt dans le gotha du cyclisme mondial

Classement de l’étape

Classement général