Des conditions météorologiques difficiles
A 3h du matin, une foule nombreuse assiste à la signature des coureurs au Café des Arcades à Dunkerque. Le départ est donné au Quai Saint-Omer à 3h30. Calais (km 42) est traversée sous la pluie à 5h33, Wissant (km 61) à 6h35 par Faber, Pélissier, Heusghem, Thys et les autres. Boulogne-sur-Mer (km 82) est péniblement atteint à 7h17, un violent vent debout contraignant les coureurs à ralentir considérablement l’allure. Faber emmène toujours ses collègues au moment d’aborder Etaples (km 107) à 8h21’. Petite modification à Abbeville (km 163) à 10h30 : c’est désormais Brocco qui mène le train. 35 hommes sont toujours ensemble à Beauvais (km 248). Il est alors 13h37.
Bref, «  De Dunkerque aux portes de la capitale, nos vaillants routiers se bornèrent simplement à récolter au passage les acclamations et les ovations des sportives populations » (C. Ravaud «  L’Auto »). Et pourtant, les 2 premiers du général, Thys et Pélissier, ne sont plus séparés que par 1’50’’…

 Thys ou Pélissier ? Un Peugeot en tout cas
Pélissier joue son va-tout à Marly, dans la côte du Cœur-Volant. Laissons-le commenter sa course : «  ma côte est là, je mets toute la gomme. Je ne sais pas si je referai jamais un tel démarrage dans toute ma carrière. Seul en tête, à portée de fusil du Parc des Princes, je fonce dans un état d’exaltation lucide et contrôlé mais, dans la foule, c’est du délire. Les deux rangées de spectateurs se resserrent toujours davantage, ne me laissent plus qu’une étroite coulée. Des mains se tendent pour saisir les miennes, au risque de me faire tomber. –Pélissier ! Pélissier ! Ils m’acclament comme si j’avais déjà gagné et ils sont en train de me faire perdre. Au pont de Saint-Cloud, pressé de toutes parts, je suis obligé de descendre de vélo. Je crie désespérément, et ma voix se perd dans le tumulte. Je gesticule de rage, et ils croient sans doute que c’est de joie. Quand je peux repartir enfin, je ne suis plus seul. Brocco, et Rossius sont là. Avec Philippe Thys » (« La Légende des Pélissier » R. Bastide).
Peut-être, mais J-P Bourgier, dans son livre «  Le Tour de France 1914 » remarque que «  L’Auto » n’évoque pas l’arrêt de Pélissier au pont de Saint-Cloud, pas plus que « La Vie au Grand Air » qui affirme même qu’il n’y a pas eu de duel entre les 2 équipiers. Ce qui est certain, c’est qu’Henri Pélissier a remporté au sprint sa 3ème étape sur ce Tour, la 4ème de sa carrière.
Quant à Philippe Thys, il a gagné, à 24 ans, son 2ème Tour de France. « Le Basset » d’Anderlecht, en se préparant méticuleusement pour ces 3 semaines de course, en ne courant que très peu au printemps, préfigure le coureur du Tour de France de l’ère moderne. Le triomphe de Thys est aussi celui de la son équipe « Peugeot-Wolber ». La formation d’Alphonse Baugé s’est adjugée la bagatelle de 12 étapes sur 15 et a classé 10 de ses coureurs dans les 13 premiers du général. Trop forts !

Philippe Thys à son arrivée au Parc des Princes

 Classement de l’étape