« En ne suivant pas la course » (H. Desgrange)
Depuis de nombreuses années, Henri Desgrange, dans son journal « L’Auto », a l’habitude de commenter l’étape dans une rubrique intitulée « En suivant la course ». Cette fois, l’apathie du peloton le pousse à transformer quelque peu le titre de son article. Il s’en explique : « Il m’arrive aujourd’hui une chose qui était, dans ma mémoire, sans précédent : je ne trouve, à l’arrivée à Marseille, sur mon bloc-notes, aucune note, et cette viduité parfaite correspond admirablement à l’aspect que l’étape d’aujourd’hui a présenté. Parti de Perpignan au petit jour, notre peloton de 72 coureurs rampait lamentablement sur les routes plates des Pyrénées-Orientales. A peine arrivés dans l’Aude, un mistral violent nous assaillit qui ralentit encore l’allure de nos hommes, et lorsque le vent se calma, un peu plus loin, ce fut une chaleur torride qui les accabla jusque dans la Crau. Alors, le soleil se voila ; la température, encore lourde, devint un peu plus supportable, mais le parti de nos hommes était bien pris, car le groupe de tête présentait vers la fin, au contrôle secret, plus de 40 unités, et s’il n’arriva que 25 hommes sur le vélodrome, il ne faut l’attribuer qu’aux routes abominables de la banlieue de Marseille, aux pavés souvent arrosés et à la crainte, toute naturelle, de beaucoup de nos hommes, d’abimer irrémédiablement leur machine. Pendant 370 kilomètres, j’ai noté 2 ou 3 démarrages de Petit-Breton, entre Montpellier et Béziers ; puis un autre très beau démarrage, dans la Crau, d’Egg, suivi d’Alavoine et d’Heusghem. »
Notons, pour compléter ce tableau, que le leader de l’épreuve Thys a chuté près d’Arles et s’est quelque peu blessé au visage.

  Du rififi au Prado
Sur le vélodrome du Prado, les 25 coureurs s’affrontent en 4 séries. Les 2 premiers sont qualifiés pour les demi-finales. En finale, on retrouve Oscar Egg, Octave Lapize, Emile Engel et Maurice Brocco.
A l’entrée du dernier virage, Egg touche la roue de Lapize et tombe, entraînant Engel dans sa chute. Lapize remonte facilement Brocco et remporte sa 6ème et dernière victoire sur le Tour.
Mais Engel est furieux. Il estime que Lapize les a balancés et exige une sanction. Sa réclamation rejetée, Engel frappe un commissaire avant d’être exclu de l’épreuve.

"Le Frisé", vainqueur du Tour de France 1910, trouvera la mort lors d’un combat aérien le 14 juillet 1917

"Parti pour chasser un biplan qui faisait du réglage aux environs du bois de Mortmare, en Woëvre, il trouvait le Boche à 4500 mètres environ et engageait immédiatement le combat. Il faisait deux attaques par derrière et, en piquant, tirait 280 cartouches. A la 3ème attaque, on le voyait arriver très près de l’ennemi, pour mieux assurer son tir, sans doute. A ce moment, le malheureux dut recevoir en plein corps une rafale du mitrailleur boche, car l’on vit immédiatement son appareil se mettre en vrille et exécuter ainsi une chute de quelques centaines de mètres, puis une aile se détacha et le glorieux "Tatave" vint s’écraser au sol, à 8 km dans nos lignes. L’autopsie révéla 5 balles dans le corps, dont une avait sectionné le coeur" (Propos du sergent-aviateur Boillot cités dans " Lapize, celui-là était un As" de Jean Bobet)

 Classement de l’étape

 Classement général