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163,4 km. 20 juillet 1975
Les Champs-Elysées
Depuis 7 ans, le Tour arrivait à La Cipale mais Félix Lévitan rêvait d’un cadre plus somptueux : une apothéose sur la plus belle avenue du monde au terme d’ « un itinéraire qui montait sur les Champs-Elysées, tournait autour de l’Etoile, redescendait les Champs, prenait les quais, virait à l’Hôtel de Ville et revenait par la rue de Rivoli. » Difficile de bloquer la capitale mais les autorisations sont finalement délivrées. Un hélicoptère peut même survoler Paris pour assurer la retransmission en direct.
Le résultat ? Extraordinaire ! 27 tours de circuit devant une foule estimée à 1 500 000 personnes. P. Chany écrira le lendemain dans « L’Equipe » : « Aucune revue du 14 juillet n’avait rassemblé pareille foule dans le périmètre des Champs-Elysées et des Tuileries, ce qui tend à démontrer que le Français préfère le vélo à l’automitrailleuse, ce dont il faut se féliciter. »
Thévenet se méfie encore
Ce matin, Bernard Thévenet possède 2’47’’ d’avance sur Eddy Merckx. Suffisant pour être serein mais le maillot jaune connaît "le Cannibale" et l’a à l’oeil : "Merckx a vu que je discutais avec Michel Poniatowski. Quand le départ est donné, le ministre (de l’intérieur) est toujours à côté de moi, alors, pan ! Il attaque ! Le temps de mettre les cale-pieds, il m’avait pris 50 mètres. Quel coup de chaud ! J’ai réussi à le rejoindre. On était tous les deux devant. Il voulait qu’on continue. Comme Merckx était dangreux pour lui au classement, Van Linden a fait rouler ses équipiers. Après, je suis toujours resté avec lui, ça la foutait mal, j’avais l’impression d’être un suceur de roue. Alors, j’ai reculé un peu, et il a attaqué à nouveau ! Je lui ai dit : "Excuse-moi Eddy, mais maintenant, je ne te lâche plus d’une semelle !" (Thévenet dans "L’Equipe" en 2019).
Le spectacle bât son plein
Pollentier s’offre une quarantaine de secondes d’avance à partir du 45ème km. Le Belge reste en tête pendant 2 tours, jusqu’au km 62. Demeyer, Santambrogio et Den Hertog prennent aussitôt le relais. Les voici avec 1’16’’ d’avance au km 70. C’en est fini pour eux, km 93. A Simonetti de se lancer à l’aventure, km 120. L’Italien de la « Filotex » prend 1’ d’avance. Il est encore en tête au seuil du dernier tour mais rien à faire. Le sprint massif nous attend.
Godefroot termine comme il avait commencé
Merckx, victime en toute fin de parcours d’un bris de matériel assez rare (l’expandeur de son guidon a cassé net) n’y participe pas. Rik Van Linden (Bianchi), 9ème de l’étape, n’a plus de souci en ce qui concerne son maillot vert.
Bien emmené par Van Springel, Walter Godefroot (Carpenter) s’impose. Le Gantois se souvient : « J’avais enlevé à Saint-Malo la 1ère étape de mon 1er Tour en 1967. Là, je remportais (à 32 ans) la dernière étape de mon dernier Tour. »
- Godefroot remporte le premier sprint disputé sur les Champs-Elysées.
Thévenet entre dans l’histoire
Alors que son équipier Sibille a été hospitalisé avec 40,8° de fièvre, Bernard Thévenet (Peugeot), bien protégé toute la journée par Régis Ovion, est devenu le premier homme à battre Merckx dans le Tour. A 27 ans, le Bourguignon supplante Roger Pingeon, dernier lauréat français de l’épreuve en 1967.
- Pour la 1ère fois, un président de la république assiste à l’arrivée du Tour.
- M. Giscard d’Estaing offrira un vase de Sèvres à Thévenet.
Classement de l’étape
Place | Coureur | Temps / Ecart |
---|---|---|
1 | Walter Godefroot (Bel) | en 3h45’29" |
2 | Robert Mintkiewicz (Fra) | |
3 | Gerben Karstens (PB) | |
4 | Régis Delépine (Fra) | |
5 | Barry Hoban (GB) | |
6 | Régis Ovion (Fra) | |
7 | Willy Teirlinck (Bel) | |
8 | José-Luis Viejo (Esp) | |
9 | Rik Van Linden (Bel) | |
10 | Albert Van Vlierberghe (Bel) | t.m.t. |