3 ans déjà
Voici 3 ans que la caravane du Tour n’a pas gravi le « Mont Chauve », 3 ans que Tom Simpson a rendu l’âme sur ses pentes arides et surchauffées.
Les organisateurs ont décidé cette année qu’il était temps de le réhabiliter mais, pour éviter semblable mésaventure, ils ont préféré donner le départ à 13h23 de manière à éviter la canicule. De leur côté, les coureurs ont effectué le plus tranquillement possible la première partie de course, escamotant le col Saint-Jean (km 65) et le col de Macuègne (km 86). Le sprint pour l’étape volante, au 141ème km, a quand même permis à Guimard, Labourdette et Danguillaume de s’extraire du peloton et de s’engager sur le Mont Ventoux avec 40’’ d’avance mais ils seront vite absorbés.

 Merckx au bout de lui-même
Dans quelle disposition d’esprit Eddy Merckx va-t-il aborder l’étape ? Le bruxellois possède plus de 6’ d’avance sur Zoetemelk au général. Son entourage affirme qu’il souffre depuis quelques jours d’une pointe de trachéite. Qu’aurait-il à gagner en passant une nouvelle fois à l’attaque ? Et pourtant !
A 13,5 km du sommet, c’est lui qui accélère terriblement l’allure. Agostinho se permet de le suivre mais, à 9 km de la ligne, c’en est trop. « Casquette à l’envers, tirant sur ses bras, dodelinant légèrement de la tête, ne se mettant que rarement en danseuse » (G. Delamarre), le maillot jaune se retrouve seul au monde.
Au Châlet-Reynard, le portugais (qui terminera 13ème à 2’26’’) est pointé à 50’’, le groupe Poulidor avec tous les favoris (sauf Zilioli, 33ème à 6’22’’) à 1’55’’.
Merckx continue, passe devant la stèle « Tom Simpson » en enlevant sa casquette puis son style devient plus heurté. Les 4 derniers kilomètres semblent durer une éternité. Ses adversaires lui reprennent une quarantaine de secondes. Lorsqu’il franchit la ligne, aucun geste de victoire n’exprime son sentiment. Il tente cependant de répondre aux questions des journalistes mais, bientôt, on l’entend murmurer : « C’est pas possible » et il s’affaisse dans les bras de son voisin. Le champion est aussitôt conduit dans l’ambulance où il rejoint Martin Van Den Bossche qui a terminé 2ème de l’étape et qui s’est ensuite immédiatement écroulé, en dette d’oxygène.
Cinq minutes plus tard, Eddy est de retour, ragaillardi et rassuré. Il ne s’agissait que d’un « épuisement physique normal » dû à un effort intense et prolongé.

Un geste discret à l’endroit du décès de Simpson.

La classe.

 Première apparition de Thévenet
Gaston Plaud, le directeur sportif de la formation Peugeot, peut être fier de ses hommes. Raymond Delisle (6ème) et, surtout, Bernard Thévenet (5ème) ont partcipé jusqu’au bout à la lutte pour les places d’honneur.
Voici le sentiment du jeune bourguignon (21 ans) concernant ses premiers pas dans la Grande Boucle : " Au début du Tour, ça m’a fait très mal. Surtout les pavés du Nord. A force de terminer vers la 80ème place, je me demandais ce que je faisais là.Je me voyais changer de métier à la fin de la saison. Je n’ai presque pas couru cette année. C’est une chose à double face. Je n’étais pas rodé. Mais aussi, j’ai des réserves."

Classement de l’étape

Classement général