Le Tour passe quand même
La N526 entre Grenoble et Saint-Jean-de-Maurienne était encore fermée il y a quelques jours. Des milliers de m3 de neige, provenant des avalanches du printemps la barraient en 7 endroits. Le volume à déplacer était trop grand pour les chasse-neige classiques. Les Ponts et Chaussées ont alors décidé d’ouvrir le passage en creusant des tunnels (30 m de glace au dessus) dont le plus grand dans le défilé de Maupas mesurait 138 m de long avec une ouverture de 3,5 m x 4,5 m.

 Un trio français en éclaireur
Mattio (Margnat-Paloma), J. Groussard et Epaud (2 Pelforth) s’échappent dès le départ pour s’offrir 6’30’’ d’avance à Le Rivier (km 51), début du col de la Croix de Fer. Mattio et Epaud gravissent ensemble ce redoutable obstacle. Ils basculent au sommet (km 68) avec 2’30’’ d’avance sur Groussard, 3’30’’ sur Bahamontès, légèrement détaché.
La descente voit des groupes se constituer derrière les 3 échappés. Dans le premier, Poulidor et Anglade se retrouvent 50’’ devant Anquetil et Van Looy, 1’15’’ devant Bahamontès et le maillot jaune Desmet mais tout rentre dans l’ordre dans la vallée.

 L’homme de la Mancha
Au 110ème km, avant Saint-Michel-de-Maurienne, Fernando Manzaneque se lance à la poursuite des 2 hommes de tête qu’il rejoint au 140ème km, à Verney. Le coureur de l’équipe "Ferrys" profite de la partie difficile de l’Iseran pour se débarrasser de ses compagnons de route. Au col (km 184), l’Espagnol (29ème du général à 19’8’’) possède 4’55’’ d’avance sur Fontona, lancé à ses trousses un peu tardivement, 5’10’’ sur Epaud qui a pris le dessus sur Mattio, 7’25’’ sur Bahamontès, Poulidor et A. Desmet, 7’45’’ sur le groupe Anquetil. Quant au maillot jaune Gilbert Desmet, le pauvre est à la dérive. Il terminera 43ème de l’étape à 16’32’’.
Manzaneque file ensuite sereinement vers Val d’Isère où une 2ème victoire d’étape (après la 11ème étape du Tour 1960) tend les bras au vainqueur du Midi-Libre cette année.

Belle victoire en solitaire pour "le Rude Pédaleur de la Mancha" qui, après ce succès, se repositionne à la 12ème place du général.

 Bahamontès en jaune
7’38’’ plus tard, au sprint, derrière les 3 échappés, Van Looy règle un peloton de 15 coureurs parmi lesquels on dénombre Bahamontès, nouveau leader du Tour, Anquetil en embuscade à 3 petites secondes et Poulidor, fort décevant. Le soir, Antonin Magne, son directeur sportif chez Mercier, livre le fond de sa pensée : «  J’aime beaucoup Raymond, il est plein de bonne volonté mais il a laissé passer trop d’occasions aujourd’hui : lui aussi est atteint de ce que nous pouvons appeler le complexe Jacques Anquetil. Il n’ose pas pousser à fond ses attaques, par crainte d’une contre-attaque immédiate dont il ferait les frais. Dès lors, ses chances de gagner le Tour deviennent minimes. » (Propos recueillis par J. Périllat dans "Miroir-Sprint").

 Des abandons de marque
Jean Stablinski a chuté sur la route qui conduisait à la Croix de Fer. Le champion du monde en titre se retire ainsi d’une course qui ne l’a pas particulièrement motivé...
André Darrigade l’a suivi dans l’ambulance, victime d’ennuis gastriques (« J’ai dû tomber sur des fruits sulfatés ») ainsi que ... Charly Gaul ! « L’Ange de la Montagne » a bel et bien participé à ce Tour de France, son dernier, sous les couleurs de l’équipe Peugeot sans jamais se montrer à son avantage.

Classement de l’étape

Classement général