Koblet : le drame
Depuis le début du Tour, Hugo Koblet, vainqueur en 1951, a confirmé son statut de favori en faisant preuve d’une extrême vigilance à l’avant du peloton. Aujourd’hui, dès la première journée de montagne, il a décidé de frapper fort. Pour cela, "le Pédaleur de Charme" envoie en éclaireur (km 5) son équipier Marcel Huber accompagné de l’Italien Drei et de Darrigade.
A Eaux-Bonnes, au pied de l’Aubisque (km 44), ces 3 hommes comptent 2’30’’ d’avance sur Lorono, 2’40’’ sur Diot et 4’20’’ sur le peloton. Tout de suite, Koblet attaque. Bartali, à l’arrivée, commentera : « Il est parti comme une fusée. A cette allure, il ne pouvait pas aller bien loin. Ce garçon est suicidaire. » Le Suisse passe en seconde position au sommet de l’Aubisque (km 53), 5’30’’ après Lorono, parti pour réaliser un exploit ; 15 petites secondes avant Astrua, Van Genechten et Desmet, suivis de Bobet, Bauvin et du maillot jaune Schaer. Koblet a beaucoup faibli dans les derniers kilomètres de la montée. Le voilà, dans le Soulor, rattrapé puis dépassé par le groupe Bobet  ! Dans la descente, il dérape dans un virage et percute un pylone à plus de 70 km/h. Sonné, il est emmené sur la banquette arrière d’une voiture vers l’hôpital. Le Tour 1953 a perdu son favori.

Huber au chevet de son leader Koblet

 Une autre chute, tout aussi spectaculaire
Un peu plus tôt dans la journée, l’Aubisque a été le théâtre d’un autre accident. Un jeune parisien de 20 ans, Guy Buchaille, est tombé dans le ravin, tout comme le Hollandais Van Est en 1951. Heureusement, tandis que son vélo continuait de bondir de roche en roche jusqu’au fond du trou, Buchaille atterrissait sans grosses blessures sur un lit de mousses et de fougères.

 Lorono, meilleur grimpeur
Nous ne nous sommes pas beaucoup intéressés à l’avant de la course. Et pourtant, l’Espagnol Jésus Lorono mérite le respect. Après l’Aubisque et le Soulor, le Basque n’a jamais faibli : 5’45’’ d’avance sur Bobet, Bauvin, Schaer, Astrua et Van Genechten à Argelès (km 83), 6’25’’ sur Robic. La longue côte conduisant à Cauterets a permis à Biquet de refaire son retard sur le groupe de chasse mais elle n’a apporté aucune autre modification et Lorono a remporté, à 28 ans, sa seule victoire sur le Tour, un Tour qu’il terminera modestement à la 50ème place du général, se consacrant uniquement au classement du meilleur grimpeur.
Derrière Lorono, Robic battait au sprint Astrua et Schaer, toujours en jaune.

Jesus Lorono (1926-1998), futur meilleur grimpeur du Tour, remportera le Tour d’Espagne 1957.

 Hassenforder éliminé
Roger Hassenforder, la révélation de ce début de Tour, est tombé. L’Alsacien est avant tout épuisé. Il arrivera hors-délais à Pau. Nul doute cependant qu’on le retrouvera pour de nouvelles aventures ces prochaines années...

Classement de l’étape

Classement général