Parcours : Cols de la Madeleine, du Cormet de Roselend et montée des Arcs.

 Jalabert en perdition
Dès le 3ème km du premier col du Tour, celui de la Madeleine, Laurent Jalabert (4ème du général à 4’6’’ d’Heulot) est lâché par le peloton conduit par les Télékom. Le coureur de la Once passe au sommet (km 79) avec 4’35’’ de retard. La montée des Arcs se révèle être un calvaire, une « panne sèche complète. (...) J’avais alors 2 solutions : souffrir ou perdre le moral. J’ai choisi la 1ère option. » Jalabert terminera l’étape à 12’56’’.

 Bölts en baroudeur ?
Après une escapade de Riis dans la descente de la Madeleine et une chute sans dommage de Rominger, Bölts (Télékom) prend les choses en mains. L’Allemand attaque dans la vallée, à la Bâthie (km 116). Il est vite rejoint par Jonker et Elli avant de larguer ses compagnons dans la montée du Cormet de Roselend tandis que Dufaux (Festina) se lance à sa poursuite.

 L’abandon du maillot jaune Heulot
Pendant ce temps, le maillot jaune est en souffrance. Stéphane Heulot est décroché à mi-col. La deuxième partie de la montée du Cormet de Roselend est un calvaire. Le Breton met pied à terre à deux reprises avant d’abandonner en pleurs km 161. Il souffrait en secret d’un genou depuis Besançon.

 2 chutes dans la descente
Derrière Bölts puis Dufaux, le peloton bascule groupé au sommet du Cormet de Roselend dont la descente n’est pas particulièrement dangereuse. Ce qui n’empèche pas Zülle, porteur de lunettes, de rater un virage et de tomber en contrebas dans un pré. Le Suisse recolle à peine au groupe des favoris qu’il chute à nouveau sur la chaussée. Uniquement écorché sur le côté droit, Zülle revient malgré tout se blottir au sein de la meute.
Entre-temps, Bruyneel tombe dans le ravin : "J’ai été freiné par les branches. Je n’arrivais pas à remonter tout seul, mais plusieurs personnes ont fait un pont pour me tirer. Les dieux étaient avec moi. C’est incroyable. Je n’ai que des bleus un peu partout", racontera le soir le Belge de la Rabobank.

Van Est, Aubisque 1951 ? Non, Bruyneel, Cormet de Roselend 1996.

 Leblanc revient de loin
Devant, la situation se décante dans la montée finale des Arcs lorsque Luc Leblanc attaque à 6 km de l’arrivée. A ce moment, Bölts avait été rejoint puis dépassé par Dufaux. Le champion du monde 1994 déborde l’Allemand puis Dufaux à 3 km de la ligne pour s’envoler vers la victoire, la 2ème et dernière de sa carrière, après celle d’Hautacam en 1994. On peut parler d’une résurrection pour le Limousin, exilé dans l’équipe italienne Polti, après des blessures à répétition et des démêlés dans l’affaire de l’équipe mort-née « Le Groupement ».

Belle victoire de Leblanc, 30 ans, qui prend la 14ème place du général à 7’27’’ du nouveau maillot jaune.

 Une page d’histoire
Mais c’est dans le groupe des favoris qu’une page d’histoire est en train de s’écrire : jusque là, le quintuple vainqueur de l’épreuve, Miguel Indurain avait passé une confortable journée. A 6 km du but, dans la montée des Arcs, le Basque a bien ressenti « une sensation bizarre » : « Mon coup de pédale était plus sec. J’ai noté ce détail mais, comme l’allure du groupe n’était pas très élevée, je n’y ai pas prêté attention ». A tort car, à 3,5 km du sommet, le champion s’écarte sur la gauche de la route, descend en queue de groupe, le visage défiguré et perd irrémédiablement du terrain. Olano (Mapeï) se met alors au service de Rominger et creuse un écart significatif. Ils sont 10 à franchir l’arrivée moins d’1’ après Leblanc. Zülle (15ème à 3’29’’ du Français) a fais les frais de l’opération. Indurain, 16ème, passe la ligne 50’’ plus tard. Le leader de la Banesto récoltera même 20’’ de pénalités pour ravitaillement illicite dans le dernier kilomètre. Le vainqueur des 5 derniers Tours de France vient de craquer pour la 1ère fois, victime d’une fringale.

 Berzin, maillot jaune pour 16/100 de seconde
Il faut attendre quelques minutes pour connaître le nom du nouveau leader du Tour puisque le Russe de la Gewiss Evgueni Berzin revêt la Tunique pour 16/100 de seconde d’avance sur Abraham Olano ! 11ème et dernier de son groupe à 56’’ de Leblanc, on ne peut pas considérer cette prise de pouvoir comme une injustice car c’était déjà lui qui avait été le seul à avoir battu le grand Indurain dans un Tour, en l’occurrence le Giro en 1994.

Classement de l’étape

Classement général